L’année 2010 va-t-elle marquer l’heure de la remise en cause des usages de la liberté de chercher et surtout de s’exprimer des enseignants chercheurs ? Depuis quelques années déjà, les chercheurs en sciences humaines et sociales s’estiment fragilisés par la judiciarisation montante de la société, et rencontrent de plus en plus de complications à concevoir et rendre publics les résultats de leurs travaux. Le procès envisagé d’une enseignante chercheuse, en raison du contenu d’un livre qu’elle vient de publier, pourrait bien faire jurisprudence pour l’ensemble des universitaires.
Jusqu’alors, l’article 3 de la loi du 26 janvier 1984 sur le statut des chercheurs « garantit à l’enseignement et à la recherche leurs possibilités de libre développement scientifique, créateur et scientifique. » Le législateur sanctuarise cette liberté dans son article 57 qui assure aux enseignants chercheurs « une entière liberté d’expression dans l’exercice de leurs fonctions ». Bref, un statut à faire pâlir de jalousie les journalistes !