Psychanalyse clinique

Hanna Segal, Puf, 2004, 212 p., 25 €.

Hanna Segal fut admise comme membre de la Société britannique de psychanalyse en 1945, à l'âge de 27 ans, et devint dans les années 60 le chef de file des interprètes de la pensée de Melanie Klein, sans négliger d'y intégrer les apports de Wilfred R. Bion.

L'ouvrage que voici mérite parfaitement son titre, tout empli qu'il est de clinique psychanalytique. H. Segal y raconte, en multipliant les vignettes et les récits de cas, la manière dont elle aborde le traitement de ses patients, enfermés dans des modes de défenses borderlines ou psychotiques. En raison de vécus catastrophiques dans leur enfance, leur moi n'a pas pu se construire de manière intégrée et unifiée, il est morcelé, fragmenté. Ces patients sont envahis de fantasmes destructeurs, à l'égard d'eux-mêmes ou d'autrui et utilisent fréquemment des mécanismes de projection pour tenter de s'en protéger. L'analyste, dans le cadre de la cure, est le réceptacle de ces éléments projetés. Formé à les identifier, plutôt qu'à être agi par eux, il peut alors restituer à son patient la compréhension qu'il s'en fait, l'aidant ainsi à intégrer ces expériences souvent très angoissantes.

On aura reconnu les éléments théoriques qui guident les analyses d'H. Segal : clivage schizo-paranoïde, mécanismes d'identification projective, utilisation du contre-transfert de l'analyste ou encore transformation des éléments bêta en éléments alpha. Mais ils prennent ici la dimension concrète des rêves, des fantasmes et des passages à l'acte de « bébé Georgie » en lutte contre « Georgie l'halluciné », de l'homme qui avait une moto qui roulait dans sa tête, de la jeune fille se mettant à danser au cours d'une séance... Et comme ces passages difficiles ont bien souvent lieu à la veille d'une interruption de la cure, pour cause de week-end ou de vacances, on peut lire l'ouvrage comme une contribution à la compréhension de ces angoisses de séparation et aux outils dont dispose l'analyste pour y faire face.

Les deux derniers chapitres sont consacrés à Joseph Conrad et Salman Rushdie, deux auteurs qui trouvèrent dans la création littéraire les voies pour se dégager d'une crise existentielle profonde.

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