Psychanalystes, faites ce que je dis, mais...

Freud a formulé quelques principes impératifs que doit respecter tout psychanalyste, notamment l'anonymat, la neutralité et la confidentialité. L'anonymat signifie que l'analyste ne doit pas exprimer ses propres réactions émotionnelles ou faire part de ses expériences personnelles. Freud considérait également que le fait de connaître le patient ou des membres de sa famille en dehors du cadre thérapeutique constituait un sérieux désavantage. Pour ce qui est de la neutralité, il recommandait que l'analyste ne donne pas aux patients de directives sur les choix de celui-ci et ne joue pas le rôle de mentor à son égard. Or, deux psychiatres américains ont constaté que Freud a bien peu respecté les principes qu'il a ainsi formulés. Ils ont recensé 43 patients, dans la période 1907-1939, pour lesquels il existe des informations sur le comportement de Freud en analyse. Dans tous ces cas, Freud n'a pas respecté l'anonymat et a exprimé ses propres sentiments, attitudes et expériences, qu'il s'agisse d'opinions envers des patients, de préoccupations relatives à sa propre vie ou à sa famille, ou encore de goûts et préjugés personnels. Et dans 31 cas (72 %), il a eu des relations amicales avec des patients, en dehors du cadre analytique.

Dans 37 cas (soit 86 %), il n'a pas respecté sa règle de neutralité, en faisant des recommandations précises aux patients, que ce soit dans le domaine des relations affectives, dans le choix d'un emploi ou sur d'autres sujets tels qu'un déménagement à l'étranger.

Enfin, dans 23 cas, soit presque la moitié, il a communiqué à d'autres personnes, qui connaissaient le patient, des informations issues de la cure analytique.

Les auteurs concluent que la méthode véritablement employée par Freud, « caractérisée par l'expression des sentiments et une tendance à une forte directivité » différait sensiblement de la technique psychanalytique qu'il avait lui-même définie.

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