Psychiatre au quotidien

Michel Godfryd, Puf, 2005, 222 p., 20 €.

En plus d'être connotées péjorativement, les activités thérapeutiques en psychiatrie semblent méconnues du grand public. Comment comprendre ce que font les psychiatres, ces « travailleurs de l'invisible » ? Ici, pas de matériel, pas de machines, relativement peu de médicaments. Les patients, habillés et valides, évoluent sous l'œil discret des thérapeutes. Le travail thérapeutique lui-même est peu perceptible : il s'organise autour de la parole et des activités des malades. Après trente années, Michel Godfryd connaît bien les lieux. Il nous en fait la visite en suivant l'histoire de ses murs défraîchis, le visage de ses acteurs mis en scène dans leurs conditions de travail où l'on perçoit les contraintes et les aléas du quotidien.

En psychiatrie, le soin s'organise autour d'un triptyque : « La prise en charge institutionnelle, l'optimisation des relations humaines et la prescription raisonnée de psychotropes. » Mais cette organisation dépasse les murs de l'hôpital. L'hospitalocentrisme n'est plus de mise en effet pour le psychiatre, qui s'attarde sur les « outils extérieurs » au monde hospitalier et les relations avec ces « partenaires privilégiés » que sont les forces de l'ordre, la mairie, les juges, les prisons. Bon nombre d'erreurs sont au passage corrigées. Sait-on par exemple que l'hôpital psychiatrique s'occupe beaucoup des toxicomanes, de l'alcoolisme, des problèmes conjugaux et qu'il aura de plus en plus affaire aux exclus, aux chômeurs et aux délinquants ?

Soucieux semble-t-il d'en améliorer l'image, l'auteur se tient à distance des débats sur ce secteur que l'on dit en crise et privé de ressources. Il tempère aussi l'accusation de dérive organiciste dans la gestion des maladies mentales en relativisant les critiques faites aux critères diagnostiques de classification standard et à la prise en charge médicamenteuse des malades.