Psychiatres américains : adieu aux thérapies ?

En mars 2011, un article du New York Times, signé par le journaliste Gardiner Harris, tire la sonnette d’alarme : les 48 000 psychiatres des Etats-Unis renoncent insensiblement aux psychothérapies. Ils n’écoutent plus leurs patients, préférant prescrire des médicaments à tour de bras, ce qui est considéré comme une solution de facilité. L’écoute, l’empathie, la prise en compte de la souffrance, le long terme ? Terminé. D’ailleurs, rien qu’en 2005, 11 % des psychiatres seulement faisaient bénéficier tous leurs patients d’une psychothérapie. L’article évoque un praticien qui, dans les années 1970, au début de sa carrière, traitait jusqu’à 60 patients pour des séances de 45 mn, et en voit aujourd’hui 1 200 pour un quart d’heure. Trop de malades, trop d’exigence de rentabilité, une conception mécaniciste de l’être humain, le refus de des compagnies d’assurance de rembourser des prises en charge interminables, ont eu raison du bon vieux système. Avec des exemples bien frappés, l’article illustre de manière convaincante les difficultés pratiques rencontrées au quotidien par les psychiatres, y compris libéraux, qui voudraient sortir de cette spirale : difficultés financières insolubles, casse-tête organisationnel, impossibilité de maintenir son standing… Bref, « la parole ne rapporte pas », comme il était dit dès le titre de l’article.