Pour décrire le groupe politique dont ils se sentent proches et le groupe politique adverse, les gens de droite utilisent plutôt des caractéristiques psychologiques, et les gens de gauche des caractéristiques sociologiques.
C'est ce qui ressort d'une étude menée par trois chercheurs des universités de Toulouse-II et Toulouse-III. Ils ont demandé à une centaine d'étudiants de se classer comme « de droite » ou « de gauche » en se positionnant sur une échelle politique allant de l'extrême-droite à l'extrême-gauche. Ensuite, ils leur ont demandé de caractériser « le groupe qui représente le mieux vos conceptions en matière de vie politique » et « le groupe qui représente ce que vous rejetez catégoriquement »
au moyen d'expressions opposées deux à deux,
8 psychologiques (« se montrent francs/se montrent hypocrites », « sont des individus désintéressés/sont des individus arrivistes », etc.) et 8 sociologiques (« ont des conceptions politiques libérales/ont des conceptions politiques dirigistes », « exercent des métiers de fonctionnaires/exercent des professions libérales », etc.).
Résultat : les jeunes de droite emploient essentiellement des termes psychologiques (« ont un tempérament calme » et « se montrent des travailleurs acharnés » pour leur groupe préféré, contre « coléreux » et « dilettantes » pour le groupe rejeté) avec un seul trait sociologique, « ont un niveau d'instruction élevé », caractérisant bien sûr leur groupe. Les jeunes de gauche recourent à des descripteurs sociologiques (« soutiennent les couches populaires » et « recherchent le consensus » pour leur groupe favori contre « soutiennent les couches bourgeoises » et « recherchent le conflit » pour l'adversaire) avec un seul trait psychologique, « se montrent tolérants » (eux) ou « dogmatiques » (les autres).
Références
Bernard Gaffié et al., « Positionnement droite/gauche et portraits de groupes politiques », Canadian Journal of Behavioural Science, janvier 1998.