Les plus combatifs d’entre nous vont d’emblée déclarer la guerre à ce cancer qui les ronge, les défaitistes se retrouve- ront dans une position de victime, et les ambigus, mine de rien, vont se lancer dans le sport extrême pour oublier… Autant de réactions possibles face au diagnostic d’une maladie grave et possiblement mortelle. Ce genre d’épreuves révèle bien des facettes de notre personnalité : devant l’adversité, nous réagirons tous de manière différente. Les psychologues qui étudient ce domaine ont donc tenté d’expliquer ce qui peut favoriser l’adaptabilité et ce qui, au contraire, risque de l’entraver.
Le coping : faire face au drame
L’expression anglophone coping exprime nos différentes manières, conscientes ou inconscientes, de faire face à une situation problématique. On distingue le coping centré sur le problème et celui centré sur les émotions. Le premier est orienté vers l’action et a pour but de changer la relation entre la personne et la situation problème : tenter un nouveau traitement, arrêter le tabac, pratiquer un sport, rechercher des informations sur la maladie… Le coping centré sur les émotions, quant à lui, consiste à essayer de diminuer la charge émotive associée au problème. Plutôt que d’agir sur la maladie en elle-même, il s’agit de modifier son attitude face à cette situation : prendre de la distance, accepter le soutien d’un proche, donner un nouveau sens à la situation… On distingue également un coping actif (la personne va directement affronter le problème ou les émotions négatives pour essayer de les modifier) et un coping évitant (position de fuite, la personne peut se réfugier dans l’alcool, les médicaments, ou, au contraire, le sport, le yoga).
Les théories sociales cognitives
Pour savoir ce qui peut favoriser les comportements « sains » dans un contexte de maladie, les théories sociales cognitives prennent en considération l’individu et son contexte. Selon le psychologue américain Icek Ajzen, l’adoption d’un comportement dépend principalement de la motivation, soit de l’intention comportementale. D’après sa théorie du comportement planifié, trois facteurs la détermineraient :
1) L’attitude, ou autrement dit la croyance que ce comportement peut avoir des effets positifs sur sa santé, comme l’arrêt du tabac en cas de cancer.
2) La norme subjective : l’influence des proches, la pression sociale, comme l’injonction de faire du sport pour rester en bonne santé, manger 5 fruits et légumes par jour…
3) La perception du contrôle comportemental : le niveau de facilité/difficulté à réaliser ce comportement. Le fait d’avoir une bonne mutuelle par exemple peut faciliter la réalisation de soins dentaires. Pour le psychologue américain Harry Triandis, un autre facteur entre également en ligne de compte : la force de l’habitude. Selon lui, plus on répète un comportement, plus il devient automatique. Pour les personnes infectées par le VIH, le comportement passé joue par exemple un rôle essentiel dans l’observance d’un traitement antirétroviral impliquant l’absorption d’un grand nombre de médicaments à différents moments de la journée.