Psychotraumatisme : nouvelle priorité de santé publique

Le gouvernement vient d’annoncer la création d’un Centre national de ressources et de résilience et de 10 centres régionaux de prise en charge du psychotraumatisme.

Attentats, accidents de la voie publique, agressions sexuelles, agressions physiques, catastrophes naturelles,… très souvent ces victimes requièrent une prise en charge au long cours pour dépasser l’empreinte psychique du traumatisme. Ces dernières années, la prise en charge du psychotraumatisme s’est vue renforcer, certainement en raison de phénomènes de société tels les attentats terroristes, la libération de la parole des femmes autour des violences sexuelles ou encore les phénomènes migratoires. Dans le cadre du plan interministériel d’aide aux victimes, le gouvernement vient d’annoncer de nouvelles mesures pour une meilleure prise en charge du psychotraumatisme.

Des CUMP aux consultations psychotrauma

En France, on a commencé à parler de psychotraumatisme en 1995, à la suite des attentats du RER B à la station Saint-Michel. C’est de là qu’ont émergé les premières cellules d’urgence médico-psychologiques (CUMP). Le Général Louis Crocq, psychiatre des Armées, fut l’auteur d’un rapport commandé par le gouvernement de l’époque. Celui-ci préconisait initialement deux volets d’intervention, l’un immédiat et post-immédiat, l’autre à moyen et long terme. La première mission fut dès lors assumée par les CUMP. Celles-ci officient dans le cadre des services d’aide médicale urgente (SAMU) et se mettent en place lors de catastrophes naturelles, d’attentats ou d’autres événements traumatiques. La deuxième recommandation du Général Crocq, le suivi à long terme, tomba à l’eau. Hélas ! Comme s’il suffisait de quelques séances d’écoute psychologique pour tourner la page d’un événement qui risque de vous hanter jusqu’à la fin de vos jours… C’est donc justement cet impair que tente de réparer le nouveau plan gouvernemental en mettant l’accent sur la prise en charge à long terme. Pour cela, un Centre national de ressources et de résilience (CN2R) piloté par le CHU de Lille et l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, ainsi que 10 centres de soins régionaux, devraient voir le jour prochainement. « Ce sont dix endroits experts qui auront pour charge d’organiser à l’échelle régionale la prise en charge des victimes de traumatisme, mais également de former les professionnels de terrain, explique Guillaume Vaiva du CHU de Lille, coordinateur du projet. Quant au CN2R, son objectif sera avant tout de coordonner la recherche sur le traumatisme, les pratiques de soin à développer, les formations nécessaires, ou encore de créer un outil de communication numérique destiné au grand public. » Les nouveaux centres de soins devront organiser une prise en charge globale des victimes, non seulement somatique et psychologique, mais également sociale et juridique. « Le processus de guérison passe sans doute par un temps sanitaire lorsqu’on est malade, mais aussi par la reconnaissance par la société de ce qui est arrivé et l’obtention de réparations », affirme Guillaume Vaiva.