Un baba cool, un moniteur de colo, voire un ancien délinquant en résilience, ou à l’inverse, un psychorigide qui aurait pour mission de reformater le jeune sans prendre en considération sa singularité… De telles représentations sociales de « l’éduc » sont encore parfois présentes dans les institutions. « Un éducateur spécialisé, explique pourtant le site du ministère de la Santé, concourt à l’éducation des enfants et d’adolescents qui ont des troubles du comportement, des difficultés d’insertion. Par le soutien qu’il apporte et par les projets qu’il élabore, il aide les personnes en difficulté à restaurer ou à préserver leur autonomie, à développer leurs capacités de socialisation, d’intégration et d’insertion. »
Le thérapeute du quotidien
L’éducateur exerce un rôle restructurant auprès de l’adolescent, au-delà de l’accompagnement à la recherche d’emploi ou de l’organisation de sorties. Il partage son quotidien, lui sert de tuteur, de référent paternel ou maternel. « L’éducateur doit donner à un enfant une image d’un adulte sain, qui respecte certaines règles, qui tient sa parole, qui a des idées dans la continuité de son travail. Le jeune doit retrouver confiance en l’humain auprès des éducateurs car ce sont souvent des enfants qui ont été trompés », explique Olivier J, psychologue en MECS (Maison d’enfants à caractère social).
L’éducateur spécialisé se porte avant tout garant du cadre au quotidien. Pour Élise V, psychologue à l’ASE (Aide sociale à l’enfance) : « Il doit proposer un cadre de vie serein en accord avec les besoins du jeune, donner du cadre éducatif, travailler avec les parents et les partenaires de santé et de l’école, repérer les besoins du jeune, le valoriser dans son parcours. »
L’éducateur peut être qualifié de thérapeute du quotidien : il se trouve au cœur de la vie, partage les repas, les levers et couchers, il écoute les demandes, les souffrances. Son rôle est à la fois éducatif et affectif. Il peut être pris par le jeune comme un modèle, un repère auquel s’identifier, ou dont il peut se démarquer.
Pour Olivier J, il doit d’abord « retirer l’épine du pied avant de faire respecter les règles ». Pour Murielle F, psychologue en IDEA (Institut départemental de l’enfance et de l’adolescence), « le rôle de l’éducateur est d’accueillir et accompagner les adolescents placés dans leur quotidien. Il répond aux besoins primaires (manger, boire, dormir) ainsi qu’à leur sécurité physique et psychique, et aux besoins sociaux (intégration dans le collectif et à l’extérieur) pour favoriser l’autonomie et l’indépendance du jeune. Les éducateurs travaillent en collaboration avec les familles, en prenant en compte la dynamique familiale actuelle et l’ordonnance de placement ». La différence majeure entre l’éducateur et le psychologue, dans ce type de structures, réside dans le fait que la rencontre avec l’éducateur est imposée au jeune, ce qui n’est pas le cas avec le psychologue.