Le reproche, récurrent, fait à la philosophie libérale est d’avoir, en proclamant la souveraineté individuelle, contribué à dissoudre le lien social. Mais ce reproche est infondé. L’individu est, en effet, la source de la souveraineté pour des raisons métaphysiques et morales et non simplement, comme pour le républicanisme, en tant que membre du corps politique. Dès lors, pour un libéral, le pouvoir de la conscience individuelle prime sur celui de la volonté générale. Cette exigence centrale traverse l’histoire puisqu’on la retrouve exprimée, près de trois siècles après le Traité du gouvernement civil de John Locke (1690), par le philosophe John Rawls.