Chaque enfant en grandissant développe une image de lui-même, qui s'élabore à partir de valeurs personnelles et se nourrit des interactions avec autrui (amis, famille, enseignants, etc.).
Mais qu'en est-il pour l'enfant présentant un retard intellectuel ? Se perçoit-il de manière aussi positive que les autres ? Sunhae Lee-Nowacki, psychologue, a comparé, à partir d'une échelle d'attitude, deux groupes de trente enfants d'une dizaine d'années, l'un composé d'enfants suivant une scolarité normale, et l'autre d'enfants déficients intellectuels (QI entre 50 et 70) provenant de classes d'intégration scolaire.
Tous les enfants ont globalement la même estime d'eux-mêmes, que ce soit au niveau émotionnel, social et physique. Même la dimension scolaire ne montre pas de décalage entre les deux groupes. La seule différence notable renvoie au « soi futur » : le niveau d'estime de soi est dans ce cas beaucoup plus élevé chez les enfants ne présentant pas de retard intellectuel.
Or dans l'échelle utilisée (ETES ou Echelle toulousaine d'estime de soi), les propositions renvoient à des valeurs correspondant à l'âge adulte. S. Lee-Nowacki rappelle que « l'affirmation de soi nécessite un projet de soi lié à un désir d'insertion dans le monde d'adultes, de participation à la collectivité par l'adoption de valeurs ».
Mais dans le cas des enfants déficients, les résultats scolaires, marqués par de nombreux échecs, semblent intégrés à leur perception d'eux-mêmes au point de remettre en question leurs perspectives d'un avenir positif.
Références
S. Lee-Nowacki, « L'estime de soi chez l'enfant déficient intellectuel », Psychologie et Éducation , n° 48, mars 2002.