L’homme ainsi que ses ancêtres n’ont eu à craindre, pensait-on, qu’un petit nombre de prédateurs terrestres : des félins certainement, des loups peut-être, et quelques autres animaux dangereux (ours ou serpents). Mais une étude portant sur des ossements de primates récoltés en Afrique de l’Ouest montre que les singes, même d’assez grande taille comme le mangabey, font partie du menu habituel des grands rapaces tels que l’aigle couronné. L’étude des traces laissées par ces agressions a rappelé quelque chose aux anthropologues : elles ressemblent beaucoup à celles que l’on a relevées sur un squelette de jeune australopithèque, l’enfant de Taung, découvert en 1924. Ce rapprochement permet d’imaginer que les rapaces ont peut-être constitué un ennemi redoutable pour la progéniture des ancêtres de l’homme. C’est du moins ce que suggère W. Scott McGraw, professeur à l’université d’Ohio : « Nos résultats, écrit-il, donnent à penser que les oiseaux de proie ont pu représenter un facteur de sélection très important agissant sur l’évolution longue des primates. » L’homme se serait-il redressé pour mieux voir ce qui se passait en l’air ?
Références
W. Scott McGraw et al., « Primate remains from African crowned eagle (<em>Stephanoaetus coronatus</em>) nests in Ivory Coast's Tai Forest: Implications for primate predation and early hominid taphonomy in South Africa », <em>American Journal of Physical Anthropology</em>, vol. CXXXI, n° 2, octobre 2006.