Quand les élites préfèrent le foot au golf

Surprenant ! Les sports les plus appréciés par les élèves des grandes écoles ne sont pas le golf, le tennis ou l'équitation, mais le foot et le rugby. Or, ils n'étaient pas attirés par ces sports avant d'entrer dans la grande école et les abandonneront dès

leur entrée dans la vie active. Ainsi, la pratique du foot double entre la terminale et

la grande école, celle du rugby est multipliée par 7, tandis que celle du tennis est divisée par 6. Et ce sont

les élèves provenant des catégories sociales les plus aisées qui participent le plus aux sports collectifs dans les grandes écoles. Selon le sociologue G. Lazuech, ce sont les sports collectifs de ballon qui expriment le mieux une identité d'école : « Les sports sont l'un des vecteurs sur lequel s'affirme l'esprit de corps qui habitera la plupart des élèves tout au long de leur carrière professionnelle. »

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Ceci est particulièrement net lors de compétitions. Ce qui se joue à travers la rencontre, c'est moins l'« esprit

du sport », tel que prôné par Pierre de Coubertin, qu'un acte de représentation

de l'école. Ces fêtes à l'américaine (avec pom-pom girls et grosse caisse) dénuées d'hostilité sont l'occasion de contacts entre des élèves qui partagent les mêmes valeurs et la même culture. Les étudiants sportifs jouent d'ailleurs le rôle d'ambassadeurs à l'étranger, comme l'ont fait les membres de l'équipe de rugby

de l'Ecole polytechnique, reçue en mai 1996 par l'une des universités les plus réputées d'Afrique du Sud.

Par ailleurs, la participation

à un club sportif fournit l'occasion aux étudiants

de mettre à l'épreuve leurs compétences de futurs dirigeants. La gestion

d'un budget conséquent

(de 150 000 F à 500 000 F), le recours au sponsoring, l'organisation de nombreux événements sportifs entrent directement dans le cadre

de l'apprentissage des comportements managériaux.