Quand les étudiants se font « profiler »

Depuis que les deux tiers d'une classe d'âge obtiennent le baccalauréat et que l'université a ouvert tout grand ses portes, les sociologues s'arrachent les cheveux. Dans les années 60 au moins, les choses étaient simples : les travaux - devenus canoniques - de Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron avaient décrits les étudiants comme un groupe d'héritiers, issus des classes bourgeoises et dotés d'un capital culturel qui n'existait guère dans les milieux populaires. Mais aujourd'hui, comment définir ces étudiants issus de toutes les origines sociales, titulaires de baccalauréats très différents, aux réussites et aux conditions de vie très diverses ? L'hétérogénéité ne facilite pas la tâche des sociologues... bien que nombre d'entre eux planchent sur la question. Marie-Pierre Trinquiet et Joël Clanet, par exemple, ont fait l'hypothèse que la réussite universitaire est aujourd'hui fonction des représentations des étudiants, c'est-à-dire de « l'aspect subjectif du rapport aux études ». Réalisée auprès d'étudiants de première année de Deug, leur enquête leur a permis de construire quatre profils types. Aux deux extrêmes, on trouve les enthousiastes et les détracteurs. Les premiers constituent un tiers de l'effectif total, les seconds étant deux fois moins nombreux (16 %). Au centre, 15 % de modérés confiants, et un gros tiers appelé modéré tout court.