Confrontée à des conditions qui la font rêver d’autres horizons, la jeunesse du monde arabe se montre particulièrement active sur les réseaux sociaux. Au Moyen-Orient, les utilisateurs d’Internet représentent un peu plus de la moitié de la population (53 %), soit davantage que la moyenne mondiale (46 %). Mais surtout, c’est un marché parmi les plus dynamiques avec une progression de 17 % entre 2015 et 2016. Les seuls réseaux sociaux rassemblent 63 millions d’utilisateurs qui, pour l’immense majorité d’entre eux, se connectent depuis leur portable.
En dépit de son caractère spectaculaire, surtout après l’an 2000, cette croissance du numérique dans le monde arabe est longtemps restée inaperçue. Et quand elle était évoquée, c’était le plus souvent pour mettre en garde contre les risques d’utilisation d’Internet par les islamistes. Tout a changé avec les soulèvements de l’année 2011. On a alors assisté à un déluge de commentaires sur les vertus libératrices du réseau mondial. « Facebook pour planifier les manifestations, Twitter pour les coordonner, et YouTube pour les communiquer au monde » : le pouvoir révolutionnaire des réseaux sociaux offrait une explication toute trouvée à la chute brutale de régimes dont la longévité avait pourtant montré la force de résilience.