Ce ne sont ni des étudiants, ni des jeunes travailleurs pour qui payer un loyer est impossible alors qu’ils rêvent de quitter le nid parental. Ils ne sont pas non plus contraints d’y revenir suite à un accident de la vie, une perte d’emploi, une rupture, une impossibilité de faire face à leurs charges. Non, ces jeunes adultes-là sont en CDI, gagnent correctement leur vie, mais restent chez leurs parents. Pour profiter d’un présent facile ? Pour se préparer un avenir rassurant ? Toujours est-il qu’ils scotchent, parfois au détriment de parents aimants au bord de la crise de nerfs qui les hébergent bon gré mal gré mais voudraient enfin reprendre leur indépendance et cesser de tout payer. En tout cas, c’est ce qu’ils disent !
Ingénieur sur les bras
De la solidarité familiale, ces grands enfants connaissent les principes, mais ne les n’appliquent qu’à sens unique. Axel, 27 ans, en fait partie, qui s’exprime on ne peut plus clairement : « Puisque les enfants sont censés prendre soin de leurs parents quand ils seront vieux, il me paraît normal qu’ils nous hébergent même si on commence à gagner notre vie. On n’a pas demandé à venir au monde. Quand j’entends des potes me dire que leurs parents leur demandent de payer une part de loyer maintenant qu’ils gagnent leur vie, sans rire, j’hallucine ! Moi j’ai économisé 25 000,00 euros en deux ans, je ne partirai que quand j’aurai 50 000,00 euros de côté. Comme ça, j’aurai un apport et direct j’achète ». SIC. Et Marie, l’une de ses amies, de renchérir : « Ben moi franchement, je suis ingénieur, je pourrais parfaitement me payer un appart mais mes parents sont cool et du coup j’économise ma thune pour me payer des voyages. En plus on fait plein de trucs ensemble et ils paient tout. » On est très loin de la vache enragée et des plâtrées de pâtes qu’un début d’indépendance implique souvent. Et les parents dans tout ça ? Sylvie, qui vit seule avec sa fille de 29 ans qui gagne mieux sa vie qu’elle, se sent piégée : « Je n’ai plus de vie à moi : dès que je parle de participation financière, ça tourne à la guerre et ma fille me dit que je veux lui piquer son pognon, je cite ! Je songe à partir de chez moi et à prendre un studio où elle ne pourra pas vivre, ce qui l’obligera à prendre son indépendance, enfin ! Ça paraît incroyable, je sais, mais j’en suis là. » La fille de Sylvie gagne 6 000 euros nets par mois, a une voiture de fonction, voyage beaucoup et trouve la vie chère !