Dès le règne de Louis XIV, Versailles attire les visiteurs étrangers, comme en atteste l’étude récente de 600 récits de voyageurs de 43 nationalités, des années 1660 à la fin du 19e siècle. Durant l’Ancien Régime, le château de la plus prestigieuse des cours d’Europe reçoit de jeunes nobles venus découvrir tant la langue que l’étiquette françaises. On trouve aussi beaucoup d’artistes, d’intellectuels, de scientifiques étrangers et de représentants du corps diplomatique.
Beaucoup de ces visiteurs désirent assister à des scènes de la vie royale, à commencer par le souper ou la messe. Les étrangers du 19e siècle, friands d’anecdotes, veulent quant à eux voir les lieux évocateurs : le lit de mort du roi, la résidence de Marie-Antoinette au Trianon, l’escalier par lequel Louis XVI a fui… Dans leurs récits, les voyageurs consignent leur émerveillement pour l’architecture du château, la Grande Galerie, les fontaines et les jardins.
Après la Révolution, les visiteurs se montrent plus critiques envers le château, raillant un « chef-d’œuvre ruineux », emblème de « l’arrogance » du Roi-Soleil. La chute de Louis XVI entraîne un arrêt brutal des visites. La Terreur effraie les étrangers et il faut attendre le coup d’État de Bonaparte pour entrevoir une reprise. L’intérêt pour Versailles se ravive lorsqu’en 1837 Louis-Philippe transforme l’ancien palais en musée d’histoire. L’image de Versailles a changé, les façons de le visiter aussi mais son prestige a survécu à la chute de la monarchie.
source
• Flavie Leroux, « Versailles et ses visiteurs étrangers, 17e –19e siècle », Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles, n° 23, 2023.