C’est à cette question qu’a cherché à répondre une équipe de chercheurs français conduits par le professeur Isabelle Arnulf. Le fait de parler en dormant – ou somniloquie – est un phénomène très courant : 66,8 % des adultes l’ont déjà expérimenté et 6 % le font au moins une fois par semaine. Dans la plus grande recherche conduite sur ce sujet peu étudié, les chercheurs ont enregistré 232 patients et recueilli 883 vocalisations survenant durant le sommeil. Au milieu de nombreux gémissements, sifflements, exclamations, rires ou marmonnements, 41 % de ces vocalisations étaient des mots compréhensibles. La conclusion de l’étude ? En plus d’être très bavards pendant le sommeil, nous sommes plus vulgaires que lors de la veille. Si le mot le plus utilisé était le mot « non », presque 10 % des somniloquies contenaient des injures ou des obscénités qui survenaient plus souvent durant le sommeil profond, évoquant une perte d’inhibition durant le sommeil. Le mot « putain » a notamment été utilisé 800 fois plus pendant la nuit qu’il ne le serait dans la journée. Les hommes sont plus bavards que les femmes (26 mots par nuit contre 16) et plus grossiers. Les somniloquies étaient aussi parfois tendues : « Menteur ! Je t’explose la tête si tu les signes ! », s’exclama notamment l’un des participants.
Marc Olano