Que faire contre la dépression ?

Même l'Association américaine de psychiatrie l'admet : plusieurs études récentes donnent raison aux détracteurs des antidépresseurs, accusés de ne pas avoir plus d'effets qu'un placebo. Du moins, pour les formes les plus légères de la dépression. Mais alors, quand les prescrire ? Et à défaut, comment soigner ? Etat des lieux.
En matière de lutte contre la dépression, on pensait être sorti des guerres de religions. Le temps de l’opposition frontale entre divan et médicaments, c’est-à-dire entre psychothérapie et antidépresseurs, semblait révolu. Les classes de médicaments antidépresseurs avaient démontré leurs effets (la plupart des psychanalystes l’avaient admis), ce qui n’empêchait pas les psychiatres de conseiller aux dépressifs de mener parallèlement une psychothérapie.
Or, voilà que le débat rebondit.
Tout d’abord, une série d’études récentes ont mis en cause l’efficacité des médicaments antidépresseurs. L’article qui a mis le feu aux poudres est paru en 2008, dans le très sérieux PLOS magazine (1), signé par le professeur Irving Kirsh, du département de Psychologie de l’Université de Hull, au Royaume Uni, associé pour l’occasion à plusieurs professeurs d’universités américaines. Sur la base d’une méta-analyse (* voir mot clef), les auteurs étaient parvenus à la conclusion que les antidépresseurs soumis à la Food and Drug Administration * n’étaient guère plus efficaces que le placebo pour le traitement des formes légères et modérées de dépression. La nouvelle a alors surpris et provoqué des remous.
En début d’année 2010, elle a été confirmée par une autre synthèse menée par le professeur Jay Fournier, de l’université de Pennsylvanie, et plusieurs collèges. Ils ont comparé les résultats d’essais thérapeutiques entre deux types d’antidépresseurs (l’imipramine * et le paroxétine *) et des placebos (2). Le résultat était le même. Les antidépresseurs ne sont vraiment utiles que pour les dépressions sévères (dans ce cas, leur efficacité est bien meilleure que le placebo). Pour les dépressions mineures ou moyennes, les placebos sont aussi efficaces. Attention : le placebo est lui-même un médicament ; et même s’il ne contient aucun principe actif, il reste bien plus efficace que l’absence de traitement. Le professeur Jay Fournier a donc souligné que les antidépresseurs ne sont pas en cause : c’est leur usage dans les formes légères qui est abusive, trop souvent prescrite. Et d’ajouter : « Ce fait important n'apparaît pas dans les messages de promotion de ces médicaments auprès des médecins et du public. »