Que les riches sont vilains !

Ils ne l’ont pas exactement fait exprès, mais voilà que des psychologues des universités de Berkeley et Toronto fournissent des arguments aux candidats à la présidentielle qui font profession de détester les riches. Ces cinq chercheurs viennent de présenter les résultats de sept études, ni plus ni moins, montrant que les personnes issues des classes sociales inférieures auraient davantage de morale que celles des classes supérieures. Et les classes moyennes ? Entre les deux, on suppose… Dans un contexte expérimental en tout cas, les riches, à en juger par leurs réponses à des questionnaires ou leur comportement pendant des jeux de rôle, s’embarrasseraient moins de scrupules pour prendre des décisions peu éthiques, mentir lors d’une négociation ou au travail, tricher à un jeu vidéo pour obtenir une récompense, et s’emparer des biens d’autrui (ils raflent plus de bonbons dans un bocal destiné aux enfants !). Pis : lors de deux études supplémentaires à l’extérieur du laboratoire, nos chercheurs ont patiemment compté combien de voitures rutilantes et combien de tacots traçaient leur route en forçant le passage dans un carrefour embouteillé, ou sans s’arrêter pour laisser passer les piétons. Qu’on se le dise, un conducteur présumé riche sur deux jouait les chauffards, contre un présumé pauvre sur trois. Pourquoi tant de vilenie chez tant de riches ? Parce qu’ils se croient au-dessus des lois et des usages ? Parce qu’ils estiment pouvoir facilement réparer les conséquences préjudiciables de leur comportement ? Parce qu’ils se soucient de l’opinion d’autrui comme de leur première dent ? Difficile à dire, pour nos auteurs. « Géraaaard ! Tu seras pauvre, oui, mais honnête ! »
 
Paul K. Piff. et al. (2012). Higher social class predicts increased unethical behavior, PNAS, DOI: 10.1073/pnas.1118373109