Que vaut la méthode Kawashima ?

Cet aérobic neuronal n’est-il qu’un effet de mode, ou s’agit-il d’une authentique baguette magique ? Eh bien… « c’est du bla-bla ! », dixit Alain Lieury, professeur émérite de psychologie cognitive à l’université Rennes‑II. Après avoir tâté de la console, il s’avoue consterné. Ses conclusions fracassantes ont été reprises dans le Times, le Washington Post, mais aussi dans des revues japonaises, allemandes, canadiennes, hollandaises, indiennes, norvégiennes… Indépendamment d’un fumeux « âge cérébral » , A. Lieury et ses collaborateurs se sont en effet demandé si la pratique de tels exercices pouvait du moins améliorer les performances cognitives. Ils ont donc mené une recherche expérimentale auprès d’enfants de 10 ans, entraînés à la méthode Kawashima pendant sept semaines (1). Résultat : aucune efficacité. Certes, les élèves ont progressé par exemple en mémorisation de chiffres et en attention visuelle (+ 20 % dans les deux cas), mais pas plus que les enfants entraînés à des jeux papier-crayon (labyrinthes, jeu des sept erreurs, rébus, etc.)… ou pas entraînés du tout ! Et les retombées sur le travail scolaire ? On remarque bien de meilleures capacités de calcul (+ 19 %), mais là encore pas meilleures que les autres enfants, y compris ceux qui se contentés de suivre normalement les cours. Quant à l’apprentissage de cartes géographiques, les performances ont baissé de 17 %, alors qu’un entraînement papier-crayon les a fait augmenter de 30 %.

(1) Alain Lieury, Sonia Lorant-Royer, Veronika Spiess et Julien Goncalves, « Programmes d’entraînement cérébral et performances cognitives : efficacité, motivation… ou « marketing » ? De la gym-cerveau au programme du Dr Kawashima », , t. LXI, n° 6, 2008