Quel avenir pour les retraites ?

Plusieurs réformes ont permis de stabiliser notre système de retraite par répartition. Cependant, les efforts demandés pour y parvenir ont surtout pesé sur les jeunes générations, sans contrepartie.

Les sondages réalisés auprès d’échantillons représentatifs de la population française en âge de travailler mettent tous en évidence une défiance généralisée à l’égard du système des retraites. Ce dernier est jugé inéquitable et incapable d’assurer des pensions décentes dans un avenir proche. Seulement 32 % des Français pensent pouvoir toucher plus tard une retraite satisfaisante 1.

Ces résultats contrastent avec ce que l’on observait dans les années 1980. Les jeunes, qui aujourd’hui considèrent massivement qu’ils ne bénéficieront pas de pension, sinon très tardivement et d’un niveau insuffisant, étaient alors les plus enthousiastes. La retraite représentait à l’époque un rêve. Les jeunes étaient impatients d’y arriver. Les plus âgés étaient ceux qui en percevaient les zones grises avec le plus d’acuité à cause des problèmes de santé et de la baisse du revenu, ce qui modérait leur enthousiasme.

Que s’est-il passé entre ces deux dates ? D’abord, des mutations démographiques à partir du milieu des années 1970. L’espérance de vie aux âges élevés a progressé régulièrement de trois mois par an, induisant corrélativement un vieillissement de la population française. Ces évolutions ont déséquilibré le système de retraite par répartition, dans lequel les actifs cotisent pour payer les pensions des générations à la retraite. Le rapport entre le nombre d’actifs cotisants et le nombre de retraités s’est dégradé, d’une part, en raison des évolutions démographiques et d’autre part, en raison des transformations du travail et de l’emploi en lien avec l’avènement de la société de la connaissance. Les statuts d’emplois sont devenus plus précaires et le chômage de masse s’est installé. Les temps et les situations de travail se sont diversifiés. Cette situation préoccupante a ouvert une période d’incertitudes. Elle a été marquée par une succession de rapports de plus en plus alarmistes, depuis Le Livre blanc de Michel Rocard en 1991 qui affirmait que la réforme des retraites était susceptible de mettre à mal plusieurs gouvernements tant elle était explosive, jusqu’au rapport Charpin de 1999 qui dressait un tableau très sombre de l’avenir des retraites et formulait des propositions drastiques.

En réponse à ces rapports, une série de réformes s’engage à un rythme soutenu, mais seulement à partir de 2003. Auparavant, seule la réforme Balladur de 1993 modifie par ordonnances les règles de calcul des retraites du privé, de manière très graduelle sur dix ans. Entre 2003 et aujourd’hui, pas moins de huit réformes ont été adoptées, chacune annonçant que le sauvetage des retraites était désormais assuré et qu’il ne serait plus nécessaire de réformer.