Dans cet ouvrage collectif, plusieurs psychologues de l'adolescence tordent le cou à quelques clichés sur « l'âge bête ». Aujourd'hui, les recherches se nourrissent des observations des sciences cognitives et de la psychosociologie autant que de la psychopathologie et de la biologie. D'où l'intérêt pour l'adolescent « tout venant » ou « normal ».
L'adolescence, selon les auteurs, n'est pas une étape pathologique du développement de la personne. Plutôt qu'une période de crise, c'est un moment crucial de transition au cours duquel l'individu se trouve confronté à toute une série de « tâches de développement » - progrès de la connaissance de soi, renégociation des formes de relations avec autrui, intensification de l'identité de genre - dont l'issue est l'accès aux modes de fonctionnement cognitifs, sociaux et affectifs adultes.
Exemple de croyance qui ne résiste pas à l'observation psychologique : la conduite à problème. Elle ne surgit pas obligatoirement avec la puberté. On constate souvent qu'elle était déjà présente dans l'enfance. De même, l'évolution de l'identité sexuelle, l'imaginaire, le désir et la prise de risque dans les conduites sexuelles sont des processus qui s'étalent sur toute la durée de la vie. Aujourd'hui, une plus grande attention est accordée à la genèse en contexte : l'adolescent est à la fois producteur de son propre développement et « contraint » par le caractère organisé et structuré des contextes qu'offre son milieu. Ainsi, les images de soi positives ou négatives et les intentions d'avenir des jeunes Français traduisent-elles l'effet structurant d'un système scolaire très prégnant. En Pologne, c'est l'avènement de l'économie de marché qui marque le changement des croyances normatives et des attitudes des jeunes.
Au Proche-Orient, en Irlande ou ailleurs, l'engagement dans la violence politique ou le « terrorisme » de certains jeunes peut être rapporté au « climat social et politique qui prévaut dans leur société au moment d'une phase cruciale de leur développement ».