Un peu cachés par un intitulé exagérément neutre (« Art et anthropologie : perspectives »), les propos du colloque international qui s'est tenu au siège du CNRS parisien du 6 au 8 novembre 2002 ne pouvaient que tinter aux oreilles des responsables du futur musée du quai Branly, consacré aux Arts et Civilisations. Ce grand projet, que l'on peut dire présidentiel, a en effet soulevé ces dernières années quelques tempêtes dans le milieu de l'anthropologie, avant d'être - de bon ou mauvais gré - accepté par la communauté scientifique. A l'origine de cette querelle : le démantèlement du musée de l'Homme, établissement scientifique, au profit d'une autre structure, plus soucieuse de mettre en valeur les arts dits primitifs (ou « premiers », en langue châtiée). Quelle différence ? Soit une collection de magnifiques pagnes trobriandais, ouvragés et empourprés avec goût. On n'en fera pas la même exhibition selon qu'on y voit un objet rituel offert lors d'une cérémonie mortuaire, un « échantillon de culture », un exemple de technologie mélanésienne... ou une parure puissamment décorative, un « bel objet ».
Marc Olano