Réné Girard et les joies du bashing

Le père du désir mimétique est la dernière victime expiatoire du critique René Pommier. Le bashing est-il si nuisible qu’il se l’imagine ?

C ommencer par choisir un « père fondateur », « un gourou international » ou un « maître à penser » sur lequel plus de vingt thèses ont été soutenues, couvert de récompenses et de doctorats honoris causa, bardé d’une œuvre traduite en plus de cinq langues. Autopsier cette dernière jusqu’à l’écœurement, puis en livrer les morceaux les plus obscurs et les plus navrants nappés de sauce piquante : c’est la recette de René Pommier, agrégé de lettres, professeur émérite à la Sorbonne, esprit rationaliste et autoproclamé « fervent mécréant ». À trente ans d’intervalle, il s’est offert un tableau de chasse honorable : Roland Barthes (servi en deux fois : 1978 et 1987) et Sigmund Freud (croqué en 2008). Et voici qu’il récidive : René Girard, un allumé qui se prend pour un phare (Kimé, 2010) n’est pas un quatrain de potache, mais le titre d’une jubilante entreprise de déboulonnage du maître de la pensée mimétique.

R. Girard, rappelons-le, est un spécialiste de la littérature devenu, au fil d’une œuvre abondante, l’auteur d’une ambitieuse thèse sur l’origine de la violence, des religions, de la culture et du christianisme. Académicien célébré en France, il est depuis des années tout autant enseigné, lu et commenté en Californie et à Sydney. C’est une figure internationale. En réalité, annonce d’entrée R. Pommier, son cas est simple : c’est un mégalomane, son œuvre n’est que « divagation » et sa pensée « ne vaut pas tripette ». On fait difficilement plus concis, mais on n’écrit pas cela sans quelques munitions.

René Pommier, , Kimé, 2010.