Réseaux d'influence : des mythes aux réalités

Par leur caractère invisible, les réseaux d'influence alimentent bien des fantasmes sur leur rapport à l'occulte et au pouvoir. La réalité est pourtant nuancée, comme l'ont montré les débats au Festival international de géographie de Saint-Dié. Les réseaux favorisent la circulation des idées car ils engendrent des flux et des dynamiques, mais ils n'en ont pas le monopole, loin s'en faut.

Société secrète, organisation clandestine, pouvoir occulte : longtemps, le terme « réseau » a eu une connotation péjorative. Les sciences sociales ont peu ou prou fini par l'en débarrasser en mettant l'accent sur les relations qu'un réseau permet d'établir entre différentes structures. A tel point qu'on parle aujourd'hui de réseaux d'entreprises ou d'associations, de métaréseaux tel Internet, etc., sans voir derrière chacun d'eux un complot en puissance. C'est sur ces deux aspects du concept, l'un inquiétant et fantasmatique, l'autre relationnel et interactif, que les géographes sont récemment revenus.

« La géographie permet d'aller au-delà du visible, c'est-à-dire à l'essentiel, soulignait Bernard Hourcade, géographe, participant à l'une des nombreuses tables rondes du Fig. L'essentiel, en effet, ne se voit pas. » Des entités visibles, c'est-à-dire saisissables géographiquement, comme des Etats, des organisations, des institutions, des associations, des entreprises, des personnes, etc., tissent parfois des liens invisibles. Le réseau existe dans ces liens. Il est constitué d'interconnexions qui se font et se défont, restent parfois stables pendant des années ou changent soudainement. Elles peuvent aussi naître, se développer et mourir avec les causes qui les ont suscitées, comme s'il s'agissait là d'un organisme biologique.