Réseaux sociaux, un torrent d'inepties ?

Ils sont souvent accusés de nous tirer vers le bas. De nous rendre plus cons… à moins qu’ils nous montrent simplement tels que nous sommes ?

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Ce fut l’un des derniers coups de griffe distribués par Umberto Eco, peu avant sa mort. En juin 2015, l’auteur du Nom de la rose se lâchait à propos des réseaux sociaux lors d’une rencontre avec la presse, à Turin : « Les réseaux sociaux donnent la parole à des légions d'idiots qui ne parlaient auparavant que dans les bars après un verre de vin, sans nuire à la communauté. Ils étaient immédiatement réduits au silence alors qu'ils ont désormais le même droit à la parole qu'un lauréat du prix Nobel. C'est l'invasion des imbéciles. »

L’agressivité désinhibée

Une diatribe qui a rencontré un large écho tant elle colle à un « technopessimisme » qui s’est largement diffusé ces dernières années. Comme chez le journaliste américain Nicholas Carr, dont le livre The Shallows (2010), traduit en français sous le titre Internet rend-il bête ?, a été réédité en mars dernier. Dans sa nouvelle préface, il rappelle qu’au moment de la première publication, « la vision prédominante d’Internet était radieuse, souvent de manière extatique », et que 400 gros cerveaux sondés par le Pew Research Center annonçaient alors qu’en 2020, l’utilisation d’Internet aurait accru l’intelligence humaine : « Nous sommes arrivés en 2020. Nous ne sommes pas plus intelligents. Nous ne faisons pas de meilleurs choix. »