Retours en ville

Catherine Bidou-Zachariasen (dir.), Descartes & Cie, 2003, 272 p., 19 €.

L'installation de ménages des classes moyennes aisées dans les anciens quartiers dévalorisés des grandes villes, telle est la signification de la notion de « gentrification » due au sociologue anglais Ruth Glass, qui l'utilisa pour la première fois en 1963, dans une étude consacrée à Londres. Depuis, le phénomène a gagné en ampleur, en affectant bien d'autres agglomérations que les seules villes anglo-saxonnes auxquelles il a été longtemps associé. En témoignent ces analyses qui nous transportent de New York à São Paulo, en passant par Bruxelles, Barcelone, Naples, Mexico ou encore Lyon. Le lecteur aurait tort de négliger cette ville pour d'autres apparemment plus exotiques. N'illustre-t-elle pas, ainsi que le montre Jean-Yves Authier à partir du cas du quartier Saint-Georges, la manière dont le processus de gentrification, enclenché de manière « spontanée et sporadique» (selon la formule de Neil Smith à propos de New York) par les premiers candidats au retour, peut être repris en main par les acteurs locaux, dont la municipalité, dans le cadre de politiques de requalification ?

Quelle que soit la forme qu'ils revêtent, ces « retours en ville » des classes moyennes aisées marquent aussi le retour des villes - ou du moins des plus importantes d'entre elles - dans le contexte de l'économie mondialisée et post-fordiste. Une thèse développée par Saskia Sassen dans son célèbre ouvrage sur LaVille globale, traduit d'ailleurs chez le même éditeur, en 1996, et que le présent ouvrage reprend en partie à son compte en l'élargissant à d'autres villes, du Nord et du Sud.