Réussir en immigration

De nombreuses études se sont penchées sur le statut des immigrés dans le pays d'accueil. Plus rares sont celles qui prennent en compte les conséquences de l'émigration dans les pays de départ. Dans cette optique, Jacques Barou (CNRS) analyse l'évolution des stratégies migratoires de travailleurs maliens, en France, depuis une trentaine d'années.

Au début des années 70, les premières vagues d'émigration venues des pays du Sahel (en majorité des Peuls ou des Soninké) arrivent en France. Pour le village africain, l'émigration est vue comme un moyen de faire survivre la communauté rurale économiquement fragile. Ce sont en général les hommes jeunes qui partent seuls.

A la fin de ces mêmes années, l'interruption de l'immigration économique rend les allers et retours au pays beaucoup plus difficiles. De leur côté, les femmes ne veulent plus rester au village, où elles doivent assumer l'éducation des enfants, le soin des anciens, la culture et l'élevage... Elle aspirent à vivre elles aussi dans un pays moderne et leur désir rejoint celui de leurs maris, qui supportent de plus en plus mal d'être coupés des leurs. Seulement, de 1984 à 1993, la réglementation française sur le regroupement familial ne cesse de se durcir. L'insertion de ces familles, souvent polygames et nombreuses, devient de plus en plus difficile.