Rose-Marie Charest : être psychologue au Québec

Doctorat nécessaire, inspections régulières, et surtout travail sous l'auspice d'un ordre professionnel... Au Québec, les psychologues n'exercent pas comme en France. Comment est organisée la profession ? Quel est le statut du psychothérapeute ? Peut-on facilement y exercer avec un diplôme français ? Réponses avec Rose-Marie Charest, présidente de l’Ordre des psychologues du Québec.

Au Québec, les psychologues appartiennent à un ordre. Quand fut-il créé ? Qui en est à l’origine ?

L’Ordre des psychologues du Québec existe depuis 48 ans. C’est le gouvernement qui est à l’origine de la création des différents ordres professionnels dans la Province, dont celui-ci. Avant sa création, il existait une Association des psychologues du Québec : certains d’entre eux ont été associés à la création de cet Ordre, ils étaient d’accord pour cela. Par cette nouvelle fondation, le gouvernement a voulu une instance permettant une meilleure protection du public. A sa création, notre institution fut d’abord nommée la Corporation des psychologues du Québec. Nous avons changé d’appellation au profit de celle d’Ordre des psychologues du Québec en 1992. Au Québec, la notion d’être ou de ne pas être un professionnel est très forte, et se voit directement associée au fait d’appartenir à un ordre. Les individus valorisent le fait d’y appartenir : il y a toujours eu ici une forte demande de divers groupes pour se constituer en ordres.

La création d’un Ordre des psychologues a-t-elle soulevé des débats au sein de la profession au Québec ?

J’ai pu percevoir que certains psychologues français étaient réticents quant à la création d’un Ordre des psychologues en France. Je l’ai constaté notamment en 2006 lors d’un forum professionnel français, organisé par le Journal des psychologues, auquel je participais pour présenter notre Ordre. Pour ce qui est du Québec, l’Ordre des psychologues existant depuis 48 ans, je n’ai pas assisté personnellement à sa création, mais en tout cas, il ne m’a jamais été rapporté que la fondation de notre Ordre ait pu se constituer à l’encontre d’un groupe de psychologues. Cela suivait assez le courant des choses : un Ordre des travailleurs sociaux avait été créé deux ans auparavant, l’Ordre des médecins et l’Ordre des infirmières avaient été créés à la même période, etc. Les psychologues se sentaient tout simplement reconnus comme des professionnels via la création de cet ordre, ils n’y voyaient donc pas d’objection. La question principale relative à notre Ordre consiste plutôt à se demander si nous existons pour la protection du public ou bien pour la protection de nos membres psychologues. Je dirais qu’il s’agit des deux, car en plus de servir le public, l’Ordre permet à ses membres d’avoir une reconnaissance professionnelle qui n’est pas juste apparente, puisqu’elle est fondée sur des mécanismes réels qui contrôlent l’attribution du titre.