Les médias font-ils les élections ? Cette question revient comme un leitmotiv après chaque scrutin. À Toulouse, le sociologue Gilles Bastin a voulu nuancer cette critique contre la télévision : « Les prescripteurs de l’agenda politique se sont multipliés, il n’y a qu’à voir le phénomène des blogs, les électeurs peuvent s’approprier les messages, ils ne sont pas passifs devant l’écran. » De fait, commentateurs, journalistes et autres sondeurs répondent tous d’une même voix : les électeurs sont assez grands pour décider ! Pourtant, la politique a considérablement évolué depuis une trentaine d’années, et ne semble plus pouvoir se faire sans prendre en compte les acteurs médiatiques.
Aujourd’hui, les chercheurs en science politique s’obligent à les prendre en compte dans leurs recherches. C’est le cas de Rémi Lefebvre, spécialiste du Parti socialiste. Selon lui, les journalistes ont couvert la dernière campagne en s’intéressant en priorité aux stratégies de communication des candidats et en évacuant les enjeux de fond : « On a assisté à la scénarisation de celle-ci, jusqu’à aboutir à la mise en récit d’une “campagne ratée” à propos de Royal. »
Après avoir encensé la candidate et « sa victoire contre les éléphants du PS » à la mi-janvier, d’un coup, les médias se sont tous focalisés sur ses erreurs de communication et ses « bourdes ». Spectaculaire retournement : « Un débat s’engage dans la presse sur la qualité de sa campagne, rappelle R. Lefebvre, et ce débat a été alimenté par les responsables socialistes eux-mêmes. »
Marc Olano