Salariés ou direction : qui résiste au changement ?

Les salariés sont-ils « allergiques » au changement ? Une enquête du ministère de l'Économie et des Finances montre au contraire des agents investis dans la réorganisation, mais non reconnus pour leurs efforts.

Le topos des « résistances au changement » est une clef de lecture privilégiée des conflits sociaux qui émaillent la vie des entreprises et des administrations. Les hommes étant par nature « allergiques » à toute altération de leur milieu, il reviendrait aux managers de faire preuve de suffisamment de doigté pour emmener leurs salariés sur le chemin des nécessaires adaptations. Cette interprétation est mise en question par l'enquête menée sur la réorganisation du ministère de l'Economie et des Finances (Minéfi).

Amorcée en 1999, la réforme du Minéfi a impulsé des évolutions comme l'avènement de « l'interlocuteur fiscal unique ». Plutôt que de renvoyer un contribuable de bureau en bureau, l'administration entend faire en sorte qu'un seul agent soit en mesure de prendre en charge intégralement une demande, parfois au cours d'un simple appel téléphonique. Plus facile à dire qu'à faire. Car cela implique une réorganisation de fond en comble des services et une transformation substantielle du travail des agents. La direction du Minéfi avait anticipé les résistances au changement de leurs personnels. Ils s'étaient attachés à leur faire admettre que le contenu de l'activité devrait évoluer, et avec lui les identités et les cultures professionnelles. Dans l'ensemble, cela a bien été accepté par les personnels. Or la conflictualité n'a pas été réduite pour autant au Minéfi. Les réformes s'accompagnent d'un malaise persistant.