Salo ou les 120 journées de Sodome

De Pier Paolo Pasolini, 1975, 1 h 57, Carlotta Films, 19,99 euros.
Nombreux sont ceux qui voient en Salo le véritable motif de l’assassinat crapuleux de Pier Paolo Pasolini. Poète, cinéaste, essayiste et polémiste redoutable, ce dernier concentrait dans son dernier film tous les éléments qui avaient fait de lui la bête noire de l’extrême droite italienne. En racontant l’histoire d’un groupe de notables qui, profitant des derniers instants du fascisme, s’enferment dans un château et soumettent un groupe de jeunes gens aux pires sévices, Pasolini allait soulever un tollé auprès de tous les gardiens de l’ordre moral. Mêlant sexualité et violence sous la forme d’une fable politique, inspirée des écrits du marquis de Sade, le cinéaste poussait très loin la transgression dans un film qui est parfois à la limite du soutenable. Que l’on ne s’y méprenne pas : Salo est un chef-d’œuvre incontournable d’une portée politique, esthétique et philosophique toujours actuelle. L’usage de la violence et de la nudité ne sert aucun voyeurisme ou plutôt le retourne contre le voyeur. Œuvre sans concessions ni complaisance, le cinéaste y interroge la place du spectateur et la représentation du mal.