Sartre et le garçon de café

Dans la brasserie parisienne typique, les banquettes sont rouges et les serveurs en tablier blanc. Un garçon de café s’approche. Jean-Paul Sartre écrit : « Considérons ce garçon de café. Il a le geste vif et appuyé, un peu trop précis, un peu trop rapide, il vient vers les consommateurs d’un pas un peu trop vif, il s’incline avec un peu trop d’empressement, sa voix, ses yeux expriment un intérêt un peu trop plein de sollicitude pour la commande du client (…) . Il joue, il s’amuse. Mais à quoi donc joue-t-il ? Il ne faut pas l’observer longtemps pour s’en rendre compte : il joue à être garçon de café. » Pourquoi joue-t-il ? Car il a peur de se réaliser vraiment, explique Sartre dans L’Être et le Néant (1943). Le garçon de café se ment et cette mauvaise foi ne fait que trahir sa peur d’exister librement. Car s’il est bien une chose que l’existentialisme défend, c’est que l’homme est libre. Libre et en même temps condamné à choisir sa vie et à s’engager. Or certains refusent ce destin et préfèrent simuler et feindre plutôt que d’exister réellement. Sartre au contraire affirme que l’homme ne peut se réaliser pleinement qu’en devenant « ce qu’il est » , sans jeu, ni mensonge.