Les polémiques actuelles à propos de l’autisme ne doivent pas faire oublier qu’il existe d’autres troubles tout aussi complexes tant dans leurs symptômes que leur étiologie, et qui valent parfois une même stigmatisation aux patients et à leur famille, d’autant qu’ils effraient le grand public : la schizophrénie est une de ces maladies. A l’heure actuelle, on n’en guérit pas. Mais, rappelle à bon escient ce livre, on peut s’en rétablir, c’est-à-dire atteindre malgré tout « une vie pleine et significative », « une identité positive fondée sur l’espoir et l’autodétermination ». Ce qui serait possible pour deux tiers des personnes schizophrènes environ. Enseignants à la Haute Ecole de la Santé à la Source, à Lausanne, les auteurs livrent dans cet ouvrage destiné aux soignants un répertoire pragmatique de techniques inspirées des thérapies comportementales et cognitives, à l’efficacité validée par des agences d’évaluation. Il s’agit ici d’apprendre au patient à repérer, tester et modifier les pensées et interprétations pouvant engendrer des idées délirantes, et le cas échéant à se relaxer, tout simplement. Certains exercices doivent surtout l’aider à se reconnaître comme le propre auteur de ses gestes, de ses propos, de sa petite voix intérieure, attribués à tort à un autrui divin et/ou persécuteur, en un mot de retrouver son « agentivité ». D’autres encore lui donnent des clefs pour renouer des échanges ordinaires avec son entourage ou des inconnus, y compris pour exprimer des sentiments négatifs, rapporter des effets secondaires à son psychiatre ou dévoiler sa maladie à la personne dont il se sent amoureux. Ce livre constitue ainsi un apport clair et précieux pour tenter de limiter les dégâts de ce trouble extrêmement difficile à vivre, en complément à un traitement neuroleptique qui reste indispensable.
Marc Olano