« D’un couple à l’autre
Numéro spécial autour de l’Étude des parcours individuels et conjugaux en France »
Population, Institut national d’études démographiques, 2019/1-2, 210 p., 22 €.
Qu’est-ce qu’un couple aujourd’hui ? Pour certains, deux personnes sont en couple à partir du moment où elles entretiennent une relation amoureuse. Pour d’autres, l’union n’est légitime que lorsqu’elle est scellée par une forme d’engagement, que ce soient la cohabitation ou le mariage. Après s’être penchée sur le choix du conjoint à la fin des années 1950, puis la composition des couples dans les années 1980, l’« Étude des parcours individuels et conjugaux » s’intéresse aux nouvelles normes du couple. À partir de cette enquête, la revue Population analyse la diversification des formes d’union (couples qui vivent séparément, union hors mariage…) en lien avec la discontinuité des parcours conjugaux : les ruptures, comme les remises en couple, sont plus fréquentes. Partant de ce constat, Arnaud Régnier-Loilier étudie la propension des individus à emménager avec leur nouveau partenaire. Ceux qui ont déjà été mariés sont plus réticents à retenter l’aventure sous le même toit. La proportion des couples non cohabitants est aussi plus forte chez les individus très diplômés : indépendants financièrement, les couples de classes sociales élevées résistent plus facilement aux normes conjugales traditionnelles. Concernant le mariage, les évolutions sont contrastées, observe Florence Maillochon. Depuis 1960, le mariage dans sa conception traditionnelle – à savoir une cérémonie religieuse qui initie la cohabitation – décline face à l’union libre, désormais reconnue comme un véritable mode de vie conjugale. Le pacs s’est aussi fortement démocratisé : en 2017, il unissait 194 000 couples en France, soit 4 pacs pour 5 mariages. Pourtant, le faste matrimonial n’a pas disparu. Les nouveaux mariés, soumis à l’injonction de faire de ce jour « le plus beau de leur vie », entretiennent les rituels cérémoniaux : on organise des enterrements de vie de célibataire, les préparatifs sont plus longs et les invités plus nombreux. Il n’est plus rare que le mariage suive la cohabitation ou la fondation de la famille. De fait, la cérémonie est plutôt considérée comme une « fête de l’amour » qu’un initiatique acte d’union. Même s’il n’y a plus un seul schéma légitime, il ressort de ce dossier que « la forme de vie privée socialement attendue est bien le couple ». En France, le célibat définitif reste rare et la norme de vie à deux, très prégnante.