Sexe et pouvoir : la stratégie du mâle dominant

Depuis quelques semaines, l’actualité a braqué ses projecteurs sur plusieurs affaires mêlant étroitement le sexe et le pouvoir. Il y a bien sûr l’affaire DSK, celle de Georges Tron, le procès de Berlusconi et ses soirées « bunga bunga. ». Aussitôt reviennent en mémoire Bill Clinton et l’affaire Monica Levinsky, ou encore François Mitterrand ou Jacques Chirac, réputés grands prédateurs sexuels. Comment, dès lors, ne pas songer à ce très vieux schéma éthologique qui associe la lutte pour le pouvoir du mâle dominant à la conquête des femelles du groupe ? Schéma bien connu chez les éléphants de mer, les dromadaires, lions, chimpanzés, cerfs, et des centaines d’autres espèces animales. Et peut-être les humains aussi.
Mais tout d’abord, la sexualité débordante des hommes politiques est-elle un fait avéré ? Dans Sexe, mensonge et politique (Ed. Jean-Claude Gawsewitch, 2011), l’historien Patrick Girard rappelle que l’histoire de la République est émaillée de scandales sexuels où sont impliqués des hommes politiques. Aristide Briand, qui fut maintes fois président du conseil, avait la réputation d’obsédé sexuel et faillit être condamné à l’inéligibilité pour une affaire de mœurs. L’auteur rappelle aussi que le Maréchal Pétain, grand coureur de jupon devant l’éternel, aurait entretenu jusqu'à un âge avancé (87 ans) une sexualité très active. L’épais dossier sur la sexualité des hommes politiques a été abordé dans d’autres livres précédents : dans Sexus politicus, deux journalistes, Christophe Deloire et Christophe Dubois, racontaient par le menu les conquêtes multiples des présidents successifs Giscard d'Estaing, Mitterrand ou Chirac, qui par-delà leurs divergences politiques, partageaient un même goût pour la chose (je ne parle pas de la chose publique). Si on veut remonter plus loin dans le passé, on pourra consulter également Sexe et pouvoir : Les dessous de la vie des chefs, de l’historien Dimitri Casali (2008), qui a élargi l’enquête loin dans le temps en remontant à Louis XV, célèbre pour être en rut permanent, ou Kennedy, dont le FBI avait du mal à contrôler la sexualité frénétique.