Les coureurs cyclistes fournissent les meilleures performances dans les situations de compétition avec d’autres cyclistes. Mais si plusieurs personnes doivent ensemble tracter un poids à l’aide d’une corde, l’effort fourni par chacune d’elles diminue à mesure que le nombre de participants augmente. Ces deux expériences ont inauguré la psychologie sociale expérimentale, la première effectuée par Norman Triplett en 1897, la seconde par Max Ringelmann la même année. Elles présentent des résultats contradictoires – la première mettant en avant la « facilitation sociale », la seconde la « paresse sociale ». À la charnière de la psychologie et de la sociologie, la psychologie sociale s’est développée grâce à de nombreuses approches théoriques et des expériences originales. Par l’étude des mécanismes d’influence, des attitudes et des normes sociales, de l’identité, des rôles, ou de la formation des représentations sociales, cette discipline dessine un portrait complexe et contrasté de l’individu en société.
Gabriel Tarde crée en 1898 le terme de psychologie sociale, et élabore une théorie de l’imitation centrée sur la compréhension des mécanismes d’influence, de persuasion et d’innovation sociales. George H. Mead s’intéresse à la formation de l’identité individuelle, le soi, grâce aux interactions avec autrui (imitation et identification). Les apports de ces pionniers, ainsi que l’opposition de Gabriel Tarde et d’Émile Durkheim sur le primat de l’individuel et du social (qui aboutira à la création d’une nouvelle discipline, la sociologie), posent les jalons. La psychologie sociale s’intéresse surtout à l’individu en tant qu’acteur, mais aussi à ses processus internes (pensées, attitudes, émotions). Si le groupe est au cœur de ses préoccupations théoriques et de ses recherches expérimentales, c’est sous l’angle des rapports entretenus entre les individus.