Soigner grâce à un animal

Enfants autistes, jeunes délinquants, personnes Alzheimer… la médiation animale est en train de séduire un public de plus en plus large. Avec des résultats parfois surprenants…

L’enfant refusait de parler à sa psychologue. Quand elle a introduit un chien dans le cabinet, il a commencé à tout lui raconter… ». Voici ce que racontent les professionnels qui travaillent avec la médiation animale. Un chien qui lève les blocages ! Pas étonnant, disent-ils : il ne juge pas, ne « balance » pas, et c’est souvent plus facile de lui confier ses misères qu’aux humains dont on ne connaît jamais à l’avance la réaction. Tous ceux qui ont eu un animal de compagnie dans leur enfance ont connu cela. Aujourd’hui, les vertus éducatives et thérapeutiques des animaux sont de plus en reconnues. De nombreux services médicaux et de réadaptation sociale n’hésitent pas à « embaucher » des amis à quatre pattes pour prêter main forte aux professionnels. Chiens, chats, lapins, cochons d’Inde, chevaux, ânes, perroquets et autres font partie d’une longue liste d’animaux susceptibles de faciliter la communication, la relation aux autres ou encore les apprentissages.

Un facilitateur social

« La présence d’un animal à mes côtés est un véritable catalyseur pour lui permettre de se raconter à travers les récits, les jeux et la relation qui se noue », explique la psychologue Sandie Bélair. En établissant une relation étroite avec l’animal, l’enfant apprend à mieux se connaître. « Il perçoit chez l’animal des ‘‘états intérieurs’’ qu’il interprète comme des émotions, perceptions, pensées comparables aux siennes », explique le psychophysiologiste Hubert Montagner. L’enfant n’hésitera pas à demander son avis à l’animal, et à le prendre à témoin de ce qu’il vit. Un enfant qui n’ose pas regarder en face, le fera bien plus facilement s’il s’agit d’un chien ou d’un cheval. De même, un enfant qui a peur qu’on le touche, acceptera plus facilement le contact avec lui. Selon la psychologue Marine Grandgeorge, un animal de compagnie permet d’initier deux types de comportements pro-sociaux : le partage et le réconfort. Des attitudes qui favoriseront notamment le développement de l’empathie pour autrui.

En décryptant le fonctionnement de l’animal, ses besoins et envies, l’enfant va accéder à des fonctions cognitives, telles l’anticipation, l’établissement de stratégies, l’adaptation à l’environnement… C’est dans ce cadre ludique, où lui-même peut expérimenter l’éventail des interdits et des possibles, qu’il va développer ses facultés intellectuelles mais aussi prendre confiance en lui. Ce qui est essentiel pour François Beiger, zoothérapeute de la première heure et fondateur de l’Institut français de zoothérapie (IFZ), c’est de « mettre l’enfant en position de réussite. Il faut le responsabiliser, lui redonner envie d’exister par lui-même. » Une relation épanouie avec un chien qui l’écoute, mais qui sait aussi lui signifier des limites, lui permettra notamment de renforcer l’estime de soi. Pour les enfants davantage introvertis ou en difficultés de séparation, s’occuper d’un animal peut initier la prise de distance avec ses parents et l’autonomisation. En s’occupant de l’animal, en le nourrissant, le soignant, le promenant, l’enfant se sentira utile et reconnu.