«Le psychisme participe à l’ensemble du fonctionnement biologique et physiologique humain », affirme d’emblée, Jean-Benjamin Stora 1, psychanalyste et psychosomaticien, qui exerce comme consultant auprès du service d’endocrinologie et du centre de prévention de l’athérosclérose et des maladies cardio-vasculaires, au groupement hospitalier universitaire de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. « Le psychisme participe toujours à la maladie, sans nécessairement en être la cause. » Il pourrait même ainsi, selon le psychosomaticien, participer au processus de guérison. « La guérison n’existe pas. Ce que l’on désigne par ce terme est plutôt de l’ordre d’un changement d’état physiologique et biologique. Il n’y a jamais retour à l’état initial, plutôt d’une entrée dans un autre état d’équilibre, grâce à la disparition ou la diminution des symptômes. »
L’approche psychosomatique
Si le psychisme n’est pas toujours à l’origine de la maladie physiologique, il n’y participerait pas moins, selon Jean-Benjamin Stora, même lorsqu’il vient simplement empêcher ou compliquer la « guérison ». Ainsi la thérapie psychosomatique, qui s’inspire de la psychanalyse, vise à comprendre pourquoi le patient préfère mobiliser un symptôme « physique », plutôt que traiter mentalement un événement de vie difficile, ou un traumatisme, et ensuite « rétablir le psychisme ». « Il s’agit dans ces cas-là d’un défaut de mentalisation… Il est extrêmement difficile de souffrir psychologiquement. » À noter que les maladies qualifiées de « psychosomatiques » renvoient à des affections et symptômes physiologiques qui trouveraient leur source dans le psychisme, sans pour autant que le patient en soit conscient. Les symptômes physiques n’en sont pas moins réels.
Comment peut-on donc, en plus des traitements habituels de la médecine occidentale, agir sur l’état physiologique d’un patient ? « Il ne s’agit pas de psychanalyse stricto sensu. Le cadre psychanalytique ne sert qu’à un patient sur vingt ou trente. L’approche psychosomatique, qui compte parmi ses initiateurs Sandor Ferenczi, consiste en une approche chaleureuse et empathique. Comme le formulait le psychosomaticien Pierre Marty, il s’agit de prêter notre ‘‘appareil à penser les pensées’’. Autrement dit, nous essayons de construire ou de ‘‘réparer’’ un appareil psychique qui, souvent, n’a pas été construit ou qui, à un moment donné, a été détruit. Et s’il est important que le psychosomaticien connaisse l’inconscient, et donc qu’il ait été analysé, il ne s’agit vraiment pas du dispositif classique de la psychanalyse. » Ce qui n’implique pas moins, parfois, de remonter aux premières années de vie, où se seraient produites les premières défaillances et fixations.