Sport pour tous ?

Démocratisation, diversification, différenciation : telles sont les trois tendances qui caractérisent la pratique du sport en France, selon la dernière enquête réalisée en juillet 2000 par l'Institut national du sport et de l'éducation physique (Insep) et le ministère des Sports auprès d'un échantillon représentatif de 6 500 personnes âgées de 15 à 77 ans.

Démocratisation : d'après cette enquête, 83 % des personnes interrogées déclarent pratiquer une activité physique ou sportive, soit 36 millions des Français. Soit aussi une proportion nettement supérieure à celle obtenue par l'Insee au milieu des années 80 : 48 % chez les 14 ans et plus. Loin de traduire une explosion de la pratique sportive en France, cet écart résulte d'une différence d'approche. Transposant la définition que Jean Piaget donnait du jeu, l'Insep a en effet considéré comme relevant du sport tout ce que les personnes interrogées « font quand elles disent qu'elles font du sport », que ce soit un sport de compétition, une pratique d'entretien ou une activité de loisir. Au cas où la personne ne déclarait pas d'activité spontanément, les enquêteurs n'ont pas hésité à la relancer en lui demandant quelles activités elle avait exercées parmi celles citées dans une liste. Autant de partis pris méthodologiques qui avaient déjà provoqué une vive controverse à l'issue de la précédente enquête de l'Insep réalisée en 1985. Ils se justifient pourtant par le souci de ne pas s'en tenir aux seuls chiffres de sportifs licenciés (14,5 millions en France dont 10 millions ayant accès à la compétition). Lesquels sont à examiner avec précaution du fait que la détention d'une licence ne dit rien de l'existence d'une pratique effective. La discussion à laquelle la présentation de la nouvelle enquête de l'Insep a donné lieu lors de la Xe Université sportive de l'Ufolep-Usep laisse à penser que la polémique s'est quelque peu estompée.