Comment expliquer la fascination que les tueurs en série exercent auprès d’une partie du public ?
Au XIXe siècle et au début du XXe, des journaux comme le Petit journal tiraient à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires. Chez Albin Michel, on trouvait dans les années 1920 des collections sur les faits divers et les tueurs en série français avec des auteurs vedettes tels que Pierre Bouchardon. Puis il y eut la grande époque de Détective, L’œil de la police… Néanmoins, si cette fascination a toujours existé, elle s’est spectaculairement accrue depuis vingt ans. Le Silence des agneaux, en 1991, représente une date clef qui déclenche un effet de mode des tueurs en série, accentué par les séries télé comme Esprits criminels, Dexter, etc. Par rapport au début de mes recherches, c’est le jour et la nuit. Mon site reçoit entre 7 et 11 000 visiteurs par jour ! C’est toujours la lutte entre le bien et le mal, mais le gangster à l’ancienne est remplacé par le tueur en série, et le policier traditionnel par le profileur.
Cette fascination pour les tueurs en série s’accompagne en effet d’un intérêt pour les profileurs, qui ne sont pourtant pas du tout ce qu’on imagine…
C’est ce que j’appelle le syndrome Clarice Starling, du nom de la profileuse du Silence des agneaux. Ce matin encore, j’ai reçu une dizaine de mails de jeunes étudiantes qui veulent embrasser une telle carrière. J’ai même été contacté par une mère de famille qui souhaite me rencontrer pour connaître les études et filières pour sa fille… qui n’a que onze ans ! Certains escrocs et mythomanes profitent malheureusement de cette vogue pour créer de pseudo écoles privées. Or, en France, il n’existe que onze profileurs, qui s’appellent d’ailleurs analystes comportementaux et exercent dans la Gendarmerie nationale, au Département des sciences du comportement qui existe depuis 2003. Comme je suis très ami avec le capitaine de cette unité, je les vois une fois par mois. Au sein de la Police nationale, on trouve des psychologues qui s’occupent plutôt de gestion de stress ou d’entretiens d’embauche, mais pas de profilage. Il existait un seul poste officiel à la Brigade criminelle, supprimé en 2007.