Stress et cancer : intimement liés ? Entretien avec Yvane Wiart

Toutes les croyances circulent concernant le lien direct qui existerait entre le stress et le cancer. Où en est vraiment la recherche ? Peut-on apprendre à éviter la maladie ?

Le cancer touche des milliers de gens. Pas plus d’explication que de remède miracle n’existe. Yvane Wiart a rassemblé les recherches qui établissent un lien entre stress, attachement et cancer. En l’état actuel des connaissances, modestie et recul doivent présider à l’observation d’un mal aux mille visages dont personne n’a encore localisé les racines. Une piste qui ne peut tenir lieu de bible mais qui mérite l’intérêt.

On entend souvent dire que le stress pourrait déclencher le développement d’un cancer. Cependant, des études semblent infirmer cette idée. Qu’en est-il ?

Grâce à ma pratique de thérapeute, j’avais déjà été sensibilisée aux effets psychosomatiques. Mais au fil de mon enquête sur la scène scientifique internationale, j’ai découvert que l’on pouvait établir des liens précis entre le psychisme et les mécanismes de développement d’une maladie, et en particulier du cancer. Le stress est alors apparu comme un élément clé, la variable intermédiaire entre la psychologie et la physiologie.

Le stress est un terme très galvaudé. Quelle est sa définition scientifique exacte ?

Hans Selye*, le créateur de la notion de stress, le définit comme « la réaction de difficulté d’un organisme à faire face à la situation à laquelle il est confronté ». Pour Paola Timiras, qui a poursuivi ses travaux, « le stress signifie d’abord les réactions de défense d’un organisme à un changement de l’environnement de nature physique, physiologique ou psychologique ».

À la différence de l’animal qui, confronté à un danger immédiat, mobilise toutes ses ressources pour y échapper, puis se détend une fois à l’abri, l’homme peut créer ses propres sources de stress et les entretenir de manière chronique en imaginant un futur négatif et en ressassant son passé. C’est à ce niveau qu’interviennent les composantes d’une personnalité, issues d’un certain mode d’éducation et d’apprentissage. Comme le démontre Richard Lazarus* dans sa théorie du coping, avec la notion de stress perçu, tout le monde n’évalue pas une source de stress de la même façon et n’y fait pas face de la même manière. On pourrait penser que chacun gère ce qui lui arrive en fonction de la situation, avec une certaine objectivité. Or on s’aperçoit que ce n’est généralement pas le cas. Les gens ont des stratégies de coping privilégiées, c’est-à-dire des automatismes mis en place dès l’enfance, qui les conduisent à gérer les choses toujours plus ou moins de la même façon.

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En fonction de ces automatismes acquis, ils peuvent ne pas avoir une réponse adaptée au problème ?