Le sociologue Emile Durkheim l'avait déjà affirmé il y a longtemps : les causes d'un suicide sont parfois à rechercher dans l'entourage et l'environnement social de la personne.
Pourtant, bien souvent, les psychiatres et autres thérapeutes se centrent surtout sur les facteurs individuels et intrapsychiques. Cette étude, menée par une équipe de psychiatres et de psychologues belges, démontre l'importance de l'entourage familial pour prédire le risque de suicide. Les caractéristiques de l'entourage et le rapport à la famille semblent jouer un rôle important dans la tendance au suicide. Les patients dépressifs suicidaires ont davantage l'idée que leur famille influence leur santé. Cela manifeste ce que les psychologues appellent un « lieu de contrôle » externe, c'est-à-dire la croyance que sa vie est dirigée non par soi-même mais par le destin ou les autres. Par ailleurs, le style de relations à l'intérieur de la famille d'origine semble avoir une influence : la famille d'origine des suicidaires est plus rigide et moins soudée que les autres.
Ces résultats amènent les auteurs à insister sur l'intérêt d'un point de vue familial lors d'entretiens avec des patients gravement dépressifs : si la médication par antidépresseurs et l'entretien individuel s'imposent comme une évidence, un contact avec la famille du patient n'est pas à négliger. Cela permettrait peut-être de déceler des relations familiales à risques, et dans certains cas de prévenir le passage à l'acte.
Références
C. Chirita et al., « La dimension familiale du processus suicidaire, une étude empirique », L'évolution psychiatrique, octobre-décembre 2000.