Sylvain Marcelli : « Nous ne croyons pas non plus aux formules magiques »

Innover dans l'Éducation nationale n'est pas chose aisée. Les huit propositions avancées par Sylvain Marcelli dans notre dernier numéro n'ont pas convaincu Philippe Meirieu, chercheur en sciences de l'éducation. Le journaliste revient sur les critiques qui lui ont été adressées.

Et vous, que préconisez-vous pour réinventer les méthodes d'enseignement ? Témoignez !

Dans un billet publié par le site du Café pédagogique le 22 septembre, Philippe Meirieu commente un article de notre numéro spécial "Éduquer au XXIème siècle", où je présente "Huit idées pour réinventer l'école". Le pédagogue interroge, sur un ton polémique, deux expériences menées par des enseignants, en classe maternelle (transformation de l'espace de la classe) et au collège (classe inversée). Et nous conseille de ne pas céder aux "simplifications" et de ne pas croire aux "formules magiques"… Cette prise de position appelle quelques précisions.

1. Le parti-pris de cet article était de donner la parole à des enseignants qui osent sortir du cadre et prennent le risque de renouveler leur approche pédagogique. Aucun d'entre eux n'affirme avoir trouvé la "formule magique". Aucun ne cherche à "échapper à une réflexion pédagogique sur les enjeux de leurs activités". Au contraire, tous m'ont fait part de leurs doutes. Ils savent qu'ils défrichent de nouveaux terrains ; ils ne savent pas toujours où ils vont. Ils s'enthousiasment mais ils s'inquiètent aussi. Leur seule boussole est l'intérêt des élèves.

2. Ces enseignants usent de leur liberté pédagogique mais n'en abusent pas. Ils cherchent la contradiction, la confrontation, le dialogue. Aucun ne s'enferme dans sa classe, comme un savant fou le ferait dans son laboratoire. Ils échangent pour certains sur les réseaux sociaux, nouant des liens avec d'autres défricheurs, lançant des discussions, partageant des inquiétudes… Ces réseaux, qui n'ont rien de virtuel, favorisent les échanges entre pairs et le partage de pratiques innovantes : il faudra un jour étudier leur impact sur le métier enseignant.