« Dès la fin de l’année 2001, la préparation de la guerre en Irak a englouti les ressources dévolues à l’Afghanistan et détourné les hommes et les services compétents », affaiblissant les politiques de reconstruction menées à Kaboul. « Après huit années, les Etats-Unis ont seulement réussi à déplacer Al-Qaïda de 150 kilomètres à l’intérieur des zones tribales pakistanaises, la distance qui sépare New York de Philadelphie. » Dans In the Graveyard of Empires (Dans le cimetière des empires) publié en août 2009, Seth Jones n’y va pas avec le dos de la cuillère (1)… et son livre polémique vient d’être conforté par plusieurs publications françaises et américaines.
A un cheveu d’Oussama
Dans un rapport particulièrement documenté intitulé « Tora Bora revisited », le Sénat américain confirme tout d’abord la façon dont les forces spéciales américaines et les troupes paramilitaires de la CIA ont manqué Oussama Ben Laden en décembre 2001 (2). Contrairement à ce qui se passera deux ans plus tard en Irak, la campagne d’Afghanistan n’a pas été une intervention directe au sol de l’armée américaine. A partir du 7 octobre 2001, le Pentagone a appuyé par des frappes aériennes à la fois massives et ciblées les troupes de l’Alliance du Nord (de l’ex-commandant Massoud) leur permettant de reprendre Kaboul le 13 novembre 2001. Ben Laden s’est alors enfui dans la région de Khost et Djalalabad, entre Kaboul et Islamabad : il est enterré dans les grottes de Tora Bora, l’un des lieux des camps d’entraînement d’Al-Qaïda. C’est là que les forces spéciales – une centaine d’hommes déployés avec d’anciens Talibans retournés – vont le manquer et le laisser s’enfuir de l’autre côté de la frontière, vers le Nord-Waziristân, dans les zones tribales pakistanaises.