Thierry Rousseau : Comment communiquer avec un malade d'Alzheimer ?

Perte de mémoire et de repères, difficultés à s’exprimer : la maladie d’Alzheimer est souvent difficile à supporter du côté des familles. Orthophoniste, docteur en psychologie et habilité à diriger des recherches, Thierry Rousseau fait le pari qu’un traitement efficace des troubles de la communication chez les malades d’Alzheimer ne peut se faire sans la coopération de l’entourage familial et/ou professionnel. Dans Maladie d’Alzheimer et troubles de la communication (Elsevier Masson, 2011), il donne des pistes aux proches du malade pour continuer à échanger avec lui, et développe une approche spécifique à destination des thérapeutes : la thérapie éco-systémique des troubles de la communication.

Vous vous intéressez aux troubles de communication causés par les maladies de type Alzheimer. Comment définir la thérapie éco-systémique que vous développez ?

C’est une approche qui consiste à prendre en charge non seulement le patient mais aussi son entourage, son environnement, le « système » dans lequel il vit, c’est à dire le micro-système familial et/ou institutionnel. C’est une approche écologique, car elle part du patient (ses capacités, ses centres d’intérêt, son lieu de vie…) et concerne les situations réelles de communication.
Cette thérapie a donc deux cibles : d’abord le patient lui-même, mis en condition par le thérapeute pour utiliser ses capacités de communication encore préservées. On part du principe que plus il les utilisera, plus longtemps il les maîtrisera. L’objectif n’est pas de récupérer des capacités perdues, ce qui serait vain, mais de maintenir des capacités en l’état le plus longtemps possible, ou même simplement de ralentir un processus irréversible de dégradation.