Rappelons que ce décret concerne l’obtention du titre de psychothérapeute en application de l'article 52 de la loi du 9 août 2004 modifiée en 2009 (loi Hôpital, patients, santé et territoires). Promulgué le 20 mai 2010, il définit les conditions de formation des psychothérapeutes, notamment en psychopathologie, et dont les psychiatres sont dispensés par rapport aux autres professions. Par là-même, il définit les conditions d’agrément des établissements de formation. Une formation en psychopathologie clinique porterait en fait sur le fonctionnement psychique, les classifications psychiatriques, les différentes théories de la psychopathologie, ainsi que les principales approches existantes en matière de psychothérapie. Un stage sera obligatoire et devra être différent du lieu d’exercice. Le psychothérapeute devra s’inscrire sur un registre national.
Les arrêtés
Deux arrêtés, des 8 et 9 juin, donnent des informations complémentaires relatives à la formation en psychopathologie clinique et aux demandes d’inscription sur le registre des psychothérapeutes.
L’arrêté du 8 juin porte sur le contenu de la formation théorique. Notons ceci : « Cet enseignement, d'une durée minimale de 100 heures, comprend au moins une présentation des dispositifs et outils permettant de rendre compte du fonctionnement psychique, en particulier l'analyse des processus de séduction et d'emprise », phrase qui rappelle les notions de charlatanisme et de relation d’emprise, ou perversion, contre lesquelles ce décret voulait se battre. Reste à savoir si une formation théorique à ces notions découragera certaines tendances relationnelles de psychothérapeutes malveillants. Il semble y avoir beaucoup de similitudes entre le contenu de la formation théorique et ce qui est abordé durant un cursus classique de psychologie. Il en est de même pour le stage demandé (visant à développer l'autonomie, à identifier les places et rôles de chaque professionnel du parcours de soin…).
L’arrêté du 9 juin, quant à lui, liste les pièces à fournir pour s’inscrire sur la liste officielle. Mais il reste des zones d’ombre, notamment par cette phrase : « Un décret en Conseil d'Etat précise les modalités d'application du présent article et les conditions de formation théorique et pratique en psychopathologie clinique que doivent remplir les professionnels souhaitant s'inscrire au registre national des psychothérapeutes ». Il y aurait donc une possibilité de remplir les conditions de formation sans forcément les suivre...
Les « pour »
Bernard Accoyer :
Dans un communiqué de l’AFP datant du 25 mai 2010, on apprend que le président de l’Assemblée Nationale, Bernard Accoyer, salue la parution du décret au Journal Officiel. Il y voit « une avancée considérable » après « 11 ans d’un parcours du combattant ». Il ajoute ceci : « C’est une avancée considérable pour le droit des malades, le droit à l’information pour ceux qui ont recours à des psychothérapeutes. Il y a un nombre très important, dans notre pays, de psychothérapeutes auto-proclamés, qui n’ont strictement aucun diplôme, aucune garantie de la moindre compétence. Leurs victimes sont malheureusement extrêmement nombreuses ». Mais ce qui fait débat est cette dernière phrase qui a semé la confusion chez les professionnels : « cette disposition ne concerne strictement en rien les psychiatres, les psychologues-cliniciens ni la psychanalyse ».