Touche pas à mon micro-ondes

La technique et le marketing contribuent-ils à renforcer l'image stéréotypée de la distribution des rôles entre les sexes ? C'est ce que tend à montrer une recherche de la City University de Londres, à propos de la courte, mais édifiante histoire du four à micro-ondes.

Apparu dans les années 70, cet appareil était vendu dans les rayons de « produits bruns» hi-tech, à côté des platines laser et autres magnétoscopes... En Angleterre, il était proposé dans les chaînes de magasins à image masculine. Le micro-ondes faisait figure de « gadget électronique » pour « réchauffer les quiches » ; un outil optionnel pour une pratique culinaire alternative.

Mais le succès escompté n'est pas au rendez-vous. Crise économique et problèmes de sécurité et de santé - largement montrés du doigt par les médias - entraînent une chute des ventes.

Les concepteurs sont amenés à redéfinir l'image de l'appareil. A la fin des années 8O, le micro-ondes « relooké » fait une entrée fracassante dans les foyers. Il est alors vendu au rayon des « produits blancs » (électroménager) dans les magasins destinés à une clientèle familiale. Des transformations techniques (four mixte associé à des modes de cuisson traditionnels) en font un véritable outil culinaire rassurant et non plus un gadget électronique mystérieux. Ce faisant, il entre dans le domaine féminisé : dans les publicités, la compétence technique - attribuée aux hommes - est minimisée au profit de la compétence domestique. La femme au foyer est présentée comme la principale utilisatrice, alors que l'homme « joue » à s'en servir, avec plus ou moins de bonheur...

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Ainsi, les concepteurs ont fait appel à l'« image idéalisée de la vie domestique dans laquelle les femmes sont largement responsables de la fonction alimentaire ». Comme quoi les stéréotypes de sexe résistent même aux techniques de pointe !