Peut-on repérer chez un enfant, avant même l’âge de 3 ans, des signes suffisamment fiables pour lui prédire un destin de délinquant ? La question est dans l’air depuis 2005, où se sont succédé la sortie d’un rapport de l’Inserm sur le trouble des conduites, puis de violentes échauffourées dans quelques banlieues sensibles. En 2006, des psychologues ont lancé une pétition, « Pas de zéro de conduite pour les enfants de 3 ans », dénonçant les possibles dérives politiques et policières de ce qui devrait constituer un pur problème de santé publique. L’un des signataires, le pédopsychiatre et psychanalyste Pierre Delion, explique ici que déjouer tous les déterminismes passe par la nécessité d’aider les enfants en souffrance, non de les stigmatiser : l’évolution du trouble des conduites vers la délinquance « n’est qu’une possibilité si on ne fait rien ». L’auteur a le mérite de développer une argumentation claire et raisonnée, sans crier haro sur ses adversaires. Un tour de force, dans un débat aussi houleux.
Marc Olano